16 février 2011

L'odeur de la censure

En 1992, alors jeune bibliothécaire, responsable de la section jeunesse, j'étais loin des enjeux, des débats sur la censure et la liberté de lire.
J'étais insouciante, peu encline à me définir comme responsable et défenseure de la liberté de lire. Jusqu'au jour où un élu demanda officiellement que l'on retire un livre jeunesse de la collection.



J'ai refusé catégoriquement, je suis restée inébranlable. L'élu, appuyé par un groupe de parents a voulu former un comité (advisory comitee) composé de parents dont le mandat aurait été d'approuver les choix de documents pour les jeunes enfants, de proposer le retrait de certains documents et de faire des mises en garde sur les documents qu'ils auraient jugés trop violents.


C'était l'époque où des mamans se regroupaient et militaient contre la violence présente dans les médias, contre les mangas, etc. Cet élu s'est rapidement fait rabrouer par ses collègues et dû laisser tomber sa plainte et son idée de comité, mais pendant quelques semaines, une odeur aigre flotta autour de nous à la bibliothèque.


On se disait à la blague entre nous : Tient, ça sent sûre.


J'ai eu à défendre mon choix, mes choix, ma position, dans mon propre milieu mais aussi auprès de journalistes de la presse écrite et télévisuelle. C'était bien avant le support que peuvent apporter les réseaux sociaux, les ressources sur le Web étaient alors presqu'inexistantes. Prise au dépourvue, isolée, pas très appuyée, mais forte de la certitude de ce que j'avais à faire, à défendre, je m'en suis bien tirée et je me suis jurée que jamais plus on m'y reprendrait.

En cette semaine de la liberté de lire, j'ai décidé d'en parler et surtout de partager ces petits conseils. Dans les semaines qui ont suivies, j'ai travaillé à
Quand il est question de liberté de lire, énoncez clairement votre position, adoptez celles des grandes associations (ce sont vos alliés), participez aux débats entourant la censure, restez toujours à l'affût des odeurs sournoises de censure.


Voici le livre dans lequel le plaignant voyait une démonstration explicite de violence familiale !!



The bear and the fly a story by Paula Winter, un album sans texte, en noir et blanc, publié en 1976.

Et toujours disponible à la bibliothèque ; )

2 commentaires:

  1. Merci Francine de partager cette expérience avec nous! On entend si peu parler de ces histoires du côté francophone que l'on pourrait presque s'imaginer que la censure et la contestation n'existent pas chez nous...

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  2. Eeecchhh, c'est drôle, mais moi c'est plutôt le parent qui m'inquièterait. Pour voir de la violence dans une histoire d'oursons, je me dis que l'individu de sérieux problèmes non-règlés avec ses pulsions. Oooppss!

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