13 février 2011

Petit Barbu, pas d'adresse, pas de carte

Ils arrivent en novembre, en même temps que le temps froid et humide, les jours gris et moches. Ils nous fréquentent quelques semaines puis disparaissent.

On les reconnait tout de suite, par l'allure, le regard vide, les gros sacs qu'ils traînent avec eux. Ils entrent, se font petits, regardent par terre, se dirigent vers une place un peu retirée. Chacun fait sa petite affaire, celui-ci feuillette une BD, celui-là une revue, cet autre médite en marmonnant, certains font discrètement l'inventaire de leurs possessions, les plus "poqués" ont des tics, surveillent les autres.

Ces nomades urbains me fascinent, m'intriguent, j'aimerais connaître leurs trucs, leur emploi du temps, leur destination, mettre la main sur leur carnet de "bonnes adresses". Ils arrivent à survivre avec presque rien du tout, profitent de ce qu'on leur offre, explorent nos poubelles, utilisent nos toilettes, se réchauffent une heure ou deux, puis repartent.

Des clients s'offusquent, demandent qu'on les mettent à la porte, ils dérangent par leur allure, parfois par l'odeur mais surtout par ce qu'ils représentent.

Il est 9 h 25, il fait - 14° dehors, une odeur très peu subtile de friture et de patates frites réchauffées provenant de la grande salle d'étude s'infiltre jusqu'à mon bureau. Je pars investiguer ... je ne vois que 5 personnes ce matin, les accrocs du WEB ont bravé le froid afin d'assouvir leur besoin de naviguer. Mais d'où vient l'odeur de friture.

Daniel me fait signe de le rejoindre au comptoir, il m'explique que le Petit Barbu attendait l'ouverture ce matin, après être allé aux toilettes, il s'est installé tout au fond avec une BD. Il semblait juste heureux d'être au chaud, il ne dérangeait pas. Daniel a senti l'odeur de frites bien avant moi, s'est dirigé vers le Petit Barbu. Il y avait à coté de lui un sac de chez MIKE's, il avait réchauffé ses frites en les étalant bien sur le calorifère chaud et se régalait.

C'est connu dans le milieu de l'itinérance, les bibliothèques font partie des "bonnes adresses" accessibles à tous, ouvertes 7 jours/7.

photo : Lulian Nistea
http://www.cibl1015.com/actualite/-/pub/6Usm/content/570415-moins-d-aide-pour-les-femmes-itinerantes?redirect=%2Factualite

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